Face à la crise, nous lutterons

Dans un certain imaginaire collectif, “Genève” et “précarité” étaient deux mots qui, mis bout à bout, constituaient un oxymore.

La crise aura donc bien eu une vertu : celle de dévoiler l’existence de la précarité dans l’une des plus riches villes du monde, et de révéler au grand jour l’indécence d’une telle réalité. Parmi les précarisé.e.s qui tentent tant bien que mal de mener une vie décente dans la 6e place financière mondiale, figurent de nombreux jeunes âgés de 15 à 30 ans : apprenti.e.s, étudiant.e.s, stagiaires, travailleur.euse.s, chômeur.euse.s. Or la précarité des jeunes, en plus d’être invisibilisée, se trouve également normalisée. Que les jeunes ne puissent subvenir à leurs besoins de base et assurer leur subsistance, faute de moyens et de reconnaissance de leur travail, ne semble en effet pas poser problème. En outre, si l’ensemble de la population est soumise au chantage à l’emploi propre aux sociétés capitalistes, les jeunes sont également victimes de ce que l’on pourrait qualifier de “chantage à la formation” ; que ce soit dans le cadre d’un apprentissage, d’études universitaires ou de stages, ils et elles produisent pendant plusieurs années un travail gratuit ou, au mieux, sous-payé. Dans l’esprit capitaliste, la précarité devient ainsi le “lot naturel des jeunes”, une fatalité que le discours néo-libéral présente comme acceptable, sinon inévitable.

La jeunesse dépossédée

Les crises récentes du capitalisme ont révélé un processus central de nos sociétés, à l’échelle mondiale comme genevoise : l’accumulation par dépossession. La crise économique actuelle ne fait pas exception. Pour continuer son accumulation et sa reproduction, le capital est à la recherche constante de nouveaux terrains de jeu qu’il n’hésite pas à investir pour en faire des sources de profit.

L’endettement est un parfait révélateur de cette dépossession. Assurance maladie, logement, sous-enchère salariale et pression sociale sont autant d’éléments qui contraignent de nombreux jeunes à s’endetter. Nous nous retrouvons dépossédé.e.s, le capital s’attaquant sans merci aux structures sociales et aides étatiques. De là, nous devenons dépendant.e.s des structures d’“aides” mises en place par les capitalistes : banques, fonds de surendettements, fonds d’investissements philanthropiques etc.

Cette dépossession s’illustre également par les gentrifications des espaces, qu’ils soient publics ou privés. Nous sommes chassé.e.s de l’espace et nous nous retrouvons donc d’autant plus aliéné.e.s. Cette “Genève bling bling’’ qui s’éloigne de notre réalité matérielle n’est définitivement pas la nôtre et ne fait que marchandiser nos vies, au profit d’intérêts capitalistes.

Avec la crise qui s’annonce, cette tendance générale risque fort de s’accentuer. Les jeunes paient déjà un lourd tribut et nous refusons de jouer les vaches à l’air pour nourrir les intérêts d’une minorité. Capitalistes, nous ne paierons pas la crise !

Misère du salariat et normalisation du travail gratuit

En ce qui concerne le salariat, les jeunes sont disciplinés depuis leur plus jeune âge par le capitalisme. Nous devons être flexibles, nous soumettre aux lois du marché, pour espérer obtenir un salaire bien souvent misérable ou un stage non-rémunéré. Pour celles et ceux qui ne seraient pas assez disciplinés après tous les efforts capitalistes au processus de l’éducation, le chômage est l’arme finale. A Genève, le chômage augmente depuis plusieurs années en affectant particulièrement les jeunes. Les experts atitrés, bien souvent économistes, nous annoncent des chiffres du chômage en explosion pour les dix prochaines années. Nous nous retrouvons alors à devoir faire le choix (quand il est possible de le faire) d’une éducation orientée sur un marché futur du travail, afin de ramasser les dernières miettes des capitalistes, qui nous permettront simplement de reproduire notre force de travail. Et pour celles et ceux qui ne sont plus en formation, le capitalisme nous pousse à travailler gratuitement au travers de stages à répétition ou de pré-apprentissages, dans l’espoir de pouvoir un jour, si le marché le veut bien, vivre dignement. Cela nous mène parfois à devoir nous ré-orienter inlassablement vers un salariat trop souvent éloigné de nos processus de formation initiaux.

Organisation politique

Face à ce constat, les élites politiques et économiques restent inactives. Et même quand elles semblent agir, elles ne proposent que de fausses solutions qui soutiennent le système capitaliste et sa reproduction. Nous devons alors prendre nos responsabilités. Attendre des élites un quelconque changement est peine perdue. Nous devons combattre le capitalisme en crise et ses solutions violentes par nous-même. S’organiser est la clé pour faire plier un capitalisme toujours plus féroce et prêt à tout pour assurer sa reproduction. Les Jeunes POP est une structure importante de la jeunesse organisée à Genève et partout en Suisse. Nous sommes des jeunes travailleur.euse.s, apprenti.e.s, chômeur.euse.s et étudiant.e.s qui luttons pour un avenir meilleur que celui que la crise actuelle nous propose. Luttons ensemble pour notre futur et proposons de véritables solutions à la crise actuelle. En Suisse, par exemple, les riches se sont enrichis durant la crise, mais l’Etat bourgeois et leurs représentants politiques préfèrent nous faire porter les résultats d’une crise qui n’est pas la nôtre. Demandons une Taxe Corona sur les plus riches de ce pays. Récupérons nos espaces, et luttons contre l’endettement et l’exploitation. La jeunesse n’est certainement pas comme les élites l’imaginent. Elle n’est pas dépolitisée, mais bien de plus en plus active et nombreuse au travers notamment des Jeunes POP.

Rejoins-nous et nous ne lâcherons jamais

Hasta la victoria siempre

Jeunes POP Genève