Plus élevés que les taxes d’études : les frais de déplacements entre universités

Afin d’étendre le choix de cours offert aux étudiant·e·s, certaines universités suisses ont conclu entre elles des conventions de mobilité. L’université de Neuchâtel fait notamment partie de la convention Triangle Azur avec les universités de Lausanne et Genève et de la convention BENEFRI avec celles de Berne et Fribourg. Ces deux conventions permettent le remboursement en fin de semestre des déplacements effectués pour les cours.

Cela semble a priori offrir une plus-value en terme de formation, toutefois ces conventions possèdent des limitations qui à l’heure de la centralisation des études posent problème. En effet, le montant maximal pour la convention Triangle Azur est de 800 CHF par semestre et ne comprend pas le remboursement du demi-tarif. La convention BENEFRI n’est quant à elle pas plafonnée et un amortissement de 50.- sur le demi-tarif est offert dès 6 trajets.

Ces conventions ont été élaborées à l’origine pour qu’un·e étudiant·e puisse suivre un nombre restreint de cours à choix. Toutefois, certains cursus proposés à Neuchâtel se retrouvent aujourd’hui éclatés entre deux universités du fait du démantèlement de l’éducation Neuchâteloise. En conséquence, nombre d’étudiant·e·s suivent une grande partie de leur cursus dans une autre université. Par exemple, la géologie ayant été supprimée de Neuchâtel, les étudiant·e·s du Master en biogéosciences doivent depuis quelques années se rendre à Lausanne tandis que les étudiant·e·s du Bachelor en systèmes naturels doivent suivre la géologie à Fribourg s’ils/elles comptent poursuivre l’option hydrogéologie. Certains Masters ont directement été créés entre plusieurs universités, comme l’ethnomusicologie entre Neuchâtel et Genève.

Ces nouveaux cas de figure sont ainsi une charge financière non négligeable pour les étudiant·e·s. Premièrement, les deux conventions proposent le remboursement uniquement en fin de semestre. Cela implique que durant plusieurs mois, l’étudiant·e doit avancer le prix des billets voire d’un abonnement annuel, et parfois d’un AG, soit 2650 CHF. Deuxièmement, une partie de ces frais peuvent ne pas être couverts en fin de semestre. Par exemple, durant le premier semestre de biogéoscience, un·e étudiant·e neuchâtelois·e se retrouvera typiquement à devoir débourser l’importante somme de 1303,80 CHF. Il s’agit là uniquement du prix des city-tickets demi-tarif pour se rendre à l’université de Lausanne. Si on déduit les 800 CHF remboursés par la convention Triangle Azur et que l’on ajoute la moitié des 185 CHF d’un abonnement demi-tarif, c’est au final 596,30 CHF que l’étudiant·e devra débourser pour un semestre, sans compter le probable abonnement de bus dans son canton de domicile. Il s’agit là de frais plus importants que la taxe d’immatriculation semestrielle ! Il va sans dire que cela peut être rédhibitoire, en particulier pour des familles modestes.

En voulant faire des économies sur l’éducation en participant à la centralisation des études, le canton de Neuchâtel défavorise donc énormément ses étudiant·e·s, tant en matière de temps consacré aux déplacements que financièrement. On ajoutera à cela que dans le contexte actuel du mouvement pour le climat, les déplacements sont pointés du doigt. On a vu que pour certains cursus, l’étudiant·e n’a plus le choix ! Il est donc grand temps de stopper la politique de démantèlement de l’éducation neuchâteloise ainsi que de revoir le contenu des conventions de mobilité en permettant aux étudiant·e·s de toucher une avance en début de semestre et en supprimant le plafond de la convention Triangle Azur.

Nicolas Roeschli – membre des Jeunes POP Neuchâtel