Covid-19: Coûts économiques contre coûts humains

Ou on envoie mourir les gens, ou on les envoie au chômage”. Cette phrase prononcée par une magistrate vaudoise lors d’une intervention sur la RTS résume le cynique dilemme des autorités suisses. Pour l’instant, comme le prouvent les ridicules mesures de sécurité et la nonchalance du Conseil fédéral et des cantons face à la situation, c’est la première option qui prévaut. 

Le ministre de l’économie Guy Parmelin l’a confirmé lors de la conférence de presse du Conseil fédéral vendredi 20 mars: « Nous devons faire tout notre possible pour maintenir un niveau d’activité suffisant »

Les intérêts économiques passent avant la santé des travailleur·se·x·s, nous l’aurons compris. 

Il y aura des pertes économiques qui se compteront en millions, voire en milliards. Or, courir après quelques centaines de milliers de francs en maintenant des entreprises fonctionnelles n’amortira pas la chute.

À présent, il nous appartient de nous organiser autour de revendications sociales et solidaires, lutter pour qu’un maximum de vies soient sauvées, mais également pour préparer l’après. C’est pourquoi nous exigeons:

  • La fermeture immédiate et physique des entreprises et administrations non vitales, et le chômage technique pour les employé·e·x·s, avec un salaire assuré à 100%. Pas de diminution de TVA, de réduction d’impôts, mais bien la totalité du salaire. 
  • L’indemnisation de tou·te·x·s les travailleur·euse·x·s indépendant·e·x·s, et un soutien financier aux salarié.e.x.s et personnes en formation qui sont en situation précaire. 

Au moins 75% des étudiant.e.x.s ont un emploi à côté de leurs études. Pour certain·e·x·s d’entre e.lle.ux, la perte de celui-ci met à mal leur subsistance et le financement de leurs études.

  • Augmentation salariale et protections sanitaires obligatoires (masques, gants et lotions désinfectantes) pour les métiers qui sont en première ligne (travailleur·euse·x·s sociaux.ales, employé·e·x·s de grande surface, pharmacien.ne.x.s, personnel de la poste, conducteur.trice.x.s, pompier.ère.x.s, personnel de nettoyage, agent.e.x.s de voirie…)
  • La condamnation financière des entreprises qui ne respectent pas les mesures de l’Office fédéral de la Santé publique.
  • La fermeture de tous les chantiers jusqu’à la fin de l’interdiction de rassemblement!
  • Mise au chômage technique à 100% pour le personnel technique et industriel.

Pourquoi les personnes cadres pourraient-elles rester confinées chez elles, et pas les ouvrier.ère.x.s?

Sans salaire, les loyers, factures d’eau et d’électricité ne pourront évidemment pas être payés. Pour les plus précaires, il y a un risque d’endettement et perte d’épargne des contribuables.

Pas de salaires, pas de loyers ! Nous demandons :

  • Le gel des loyers dans toute la Suisse aux frais du secteur immobilier, dès le 1er mai.
  • Le gel des factures d’eau et d’électricité, sans possibilité de couper ces services.
  • Pas de taux d’intérêt sur l’emprunt hypothécaire des ménages sur les financements des biens à la consommation.

Les biens de consommation ne sont pas des biens financiers, il est hors de question de s’endetter là-dessus !

Pour le personnel soignant, nous exigeons:

  • Augmentation des effectifs, ainsi qu’une augmentation salariale. 
  • Retrait de l’ordonnance du Conseil fédéral du 13.03.2020 qui supprime les protections légales minimales relatives à la durée du travail et des pauses.

Nous dénonçons les mesures d’austérité dont a souffert le personnel des hôpitaux (suppression de 200 postes et déficit de 35 à 50 mio en 2018 aux HUG), les hôpitaux n’étant pas un objet de spéculation, mais un bien public. 

Nous l’avons expliqué clairement: nous refusons que des économies se fassent au détriment de la population. En plus des mesures de confinement, nous exigeons:

  • Dépistages à large échelle du COVID-19, dès que l’approvisionnement en matériel sera possible

Cette procédure est largement demandée par les médecins et spécialistes, et ses effets se sont avérés positifs en Corée du Sud, où la courbe des cas est stable. Au vu de l’augmentation exponentielle de contaminations qui se produit en Suisse, il serait judicieux de se questionner sur l’efficacité des mesures adoptées jusqu’ici…

  • Pas d’augmentation des primes maladies sur l’année 2021

Certaines catégories de la population ne peuvent pas appliquer les mesures de l’Office fédéral de la santé publique, ni rester chez elles suite aux recommandations des autorités.

Nous demandons:

  • Réquisition de bureaux vides et de chambres d’hôtel pour assurer la sécurité des personnes migrantes, des femmes* victimes de violences conjugales, et des sans-abris.
  • Désengorgement des prisons pour les personnes ayant déjà purgé la moitié de leur peine, pour des délits mineurs
  • Matériel sanitaire (gel désinfectant, masques) et dépistages pour l’ensemble des détenu·e·x·s

Nous ne remettons pas en question la peine judiciaire des personnes incarcérées, mais nous exigeons qu’ils et elles bénéficient d’un environnement sanitaire correct. 

Luttons pour l’après!

(Les Jeunes POP expliciteront prochainement la crise économique du capitalisme financier)

Macron lui-même l’a dit dans son allocution aux Français·e·x·s: “Il y aura un avant et un après”. Bien que le virus constitue une menace non négligeable pour l’ensemble de la population, la crise sanitaire est aggravée par les politiques d’austérité intrinsèques au capitalisme: faire des économies au détriment des services publics (ici la santé) et donc, de la population (voir plus haut: suppression de postes aux HUG). 

Il est hors de question, une fois la crise passée, de revenir à la normalité. Nous devons tendre vers un autre modèle, où la vie de la population ne sera pas sacrifiée, où l’argent dédié à la santé ne sera pas compté. Nous souhaitons que cette crise, révélatrice cruelle du lien entre la classe sociale de chacun.e.x et la valeur attribuée à sa vie (pourquoi un.e cadre serait-il.le encouragé.e.x à rester confiné.e.x, et pas un.e ouvrier.ère.x.s de chantier?) soit un vecteur de transition vers un système socialiste.

Autrement, à chaque crise sanitaire ou économique, ce sera aux classes populaires et moyennes de payer. 

  • Une participation démocratique du personnel soignant aux décisions concernant les hôpitaux publics et privés doit être mise en place. 
  • Une relocalisation de la production en Suisse des biens sanitaires et de première nécessité, comme les masques.
  • La nationalisation de l’industrie pharmaceutique. Celle-ci doit répondre à une logique populaire et sanitaire, et non à une logique de profits. C’est d’ailleurs l’un des secteurs piliers de l’économie suisse (24,1 mia de valeur ajoutée brute en 2017!). 
  • La nationalisation des entreprises victimes de la crise, pour un salaire décent des employé·e·x·s.